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04/03/2015

Coûts d’atténuation du changement climatique

La chaire Économie du Climat a publié, en janvier 2015, un document de travail sur les coûts d’abattement des émissions agricoles pour 5 régions en Europe, en utilisant les résultats d’une enquête afin de caractériser les pratiques locales (rotations, rendements, fertilisation, marges brutes, etc.) et avec un focus particulier sur le protoxyde d’azote N20 (en lien avec les pratiques de fertilisation, et l’introduction de légumineuses dans les rotations). Un des auteurs avait aussi contribué à un article sur le cas spécifique de la France et le coût d’abattement lié à l'introduction de légumineuses (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).

Source : chaire Économie du Climat

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09/02/2015

Légumineuses et atténuation du changement climatique : une étude sur les coûts d'abattement en France

Un article d'Ecological economics publié fin 2014 explore les coûts d'abattement (€/tCO2éq réduits) liés à l'introduction de légumineuses dans les assolements en France, et ce à l'échelle des départements. Les deux auteurs, l'un travaillant à l'Inra et à la Chaire d'économie du climat, l'autre au Scotland's Rural College, partent du constat d'une forte disparité de ces coûts calculés par deux précédentes études (environ 17 000 €/tCO2éq contre 19). Ils ont alors combiné deux types d'approches actuellement utilisées pour calculer les coûts d'abattement, une approche économique (maximisation des profits sous contraintes) et une approche dite « ingénieure » (étude de mesures individuelles avec estimation des coûts d'abattement moyens associés, méthode majoritairement utilisée).

Les cultures étudiées sont le blé tendre, le blé dur, l'orge, le maïs, le tournesol, le colza et trois légumineuses (pois, féverole et luzerne). Dans cette approche, les agents économiques (agriculteurs) peuvent remplacer, en partie ou en totalité, les surfaces en cultures citées précédemment par les légumineuses (ex : 10, 50 ou 100% de la surface de la culture), avec une application selon le ratio croissant marge brute sur émissions. À noter que la surface agricole utile reste constante et qu'un seuil de 125 €/tCO2éq pour le coût marginal d'abattement est aussi fixé. L’étude conclut par exemple que pour un taux de changement d'assolement de 100 %, l'abattement maximum serait de 2,5 MTCO2éq, avec un coût de 118 M€ par an et une augmentation de la surface en légumineuses de 1,6 Mha (soit une multiplication par environ 2 par rapport à la baseline). Le coût d'abattement moyen serait alors de 43 €/tCO2éq. De plus, les résultats ont été comparés à ceux de l’étude de l’Inra (2013) : pour un même abattement de 0,9MtCO2éq, ils trouvent un coût marginal d’abattement de 80 €/tCO2éq et un coût d’abattement moyen similaire à celui de l’étude Inra. Les auteurs ont complété leur étude par une analyse de sensibilité à divers facteurs, comme le prix des semences ou le coût des engrais. Quant à l'analyse spatialisée, la carte ci-dessous montre les principales disparités (pour un cas particulier) : les départements avec le plus fort potentiel sont ici dans le Nord-Ouest.

Potentiel d'atténuation par département (limite de 50 %, coût d'abattement de 80 €/tCO2éq et objectif de réduction des émissions à 0,9 MtCO2éq)

legumineuses.jpg

Source : Ecological Economics

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : Ecological Economics

 

10:43 Publié dans Climat | Lien permanent | Tags : changement climatique, légumineuses |  Imprimer | | | | |  Facebook

04/02/2015

Arbres, forêts et changement climatique

L'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) a publié début 2015 un rapport consacré cette année aux arbres et aux forêts en France métropolitaine, ouvrage auquel de nombreux auteurs ont contribué, venant de divers organismes : ONF, IRSTEA, GIP ECOFOR, CNPF-IDF, Onerc, etc. Intitulée L'arbre et la forêt à l'épreuve d'un climat qui change, cette publication synthétise les connaissances actuelles, ainsi que les incertitudes liées, sur la vulnérabilité et les adaptations des arbres et forêts face au changement climatique.

Le lecteur y trouvera plusieurs chapitres dédiés :

- aux impacts attendus d'une modification du climat (réarrangement de la répartition géographique des espèces, modifications du cycle de développement des arbres, recrudescence des insectes et pathogènes) ;

- au rôle protecteur de la forêt (par exemple contre les avalanches, l'érosion des sols) ;

- aux adaptations possibles dans un contexte incertain, avec une présentation d'une démarche d'aide à la décision et un volet sur les potentialités de l'agroforesterie pour les espaces agricoles ;

- à la filière forêt-bois, secteur influençant l'adaptation et l'atténuation du changement climatique.

L'ouvrage se termine sur une proposition de balade dans une forêt de l'Allier en 2050, un exercice narratif et prospectif.

Lien : La Documentation française

10:36 Publié dans Climat, Enseignement et recherche, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : changement climatique, forêt |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/01/2015

Synthèse de travaux sur la forêt française et atténuation du changement climatique : une approche par modélisation bio-économique

Fin 2014, un des formats de publication de la Chaire Économie du Climat, Les Cahiers, est consacré au changement climatique et à son atténuation par le secteur des forêts tempérées françaises. Ce document synthétise trois travaux précédemment publiés par les chercheurs du laboratoire en économie forestière de Nancy en 2011 et 2013. Ils reposent sur le modèle bioéconomique French Forest Model Sector, qui couple un module biophysique et un module économique en équilibre partiel statique. Ces travaux regardent les impacts de mesures d'atténuation, que sont la séquestration (gestion du carbone séquestré dans les forêts et produits en bois de long terme) et la substitution (exemple, dans le cas de l’énergie, d’une substitution entre une ressource bois et une autre d'origine fossile), ainsi que des politiques publiques associées.

Dans la première étude, l'analyse comparée d'une politique en faveur de la séquestration et d'une seconde en faveur de la substitution montre que le bilan carbone est favorable à la première, qui présente aussi les meilleurs résultats en termes de welfare économique et de coût de mise en œuvre. La seconde étude prend comme donnée de base le cadre réglementaire fixant les prélèvements supplémentaires de bois pour des usages énergétiques à 6 Mm3 par an, objectif français à échéance 2020.

Les auteurs mettent ainsi en évidence les effets d'une politique en faveur de la substitution, qui serait bénéfique pour la balance commerciale de la filière forestière (augmentation des exportations), mais impliquerait des tensions sur la ressource locale avec d'autres filières du bois. Le dernier article explore les conséquences d'une taxe carbone sur le secteur bois, qui augmenterait production et consommation avec de fortes disparités régionales dues au coût du transport.

Des pistes de recherche sont aussi évoquées en fin de document par les auteurs, Sylvain Caurla et Philippe Delacote : une meilleure connaissance des comportements de consommation, une meilleure description des co-produits de l'industrie du bois et une amélioration du modèle afin de procéder à des simulations sur le long terme permettant de prendre en compte les impacts sur le puits carbone à de plus grandes échelles temporelles, et d'introduire des mesures d'adaptation.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : Chaire Économie du Climat

16:09 Publié dans 3. Prévision, 4. Politiques publiques, Climat, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : forêt, changement climatique |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'impact du changement climatique sur la production de café

Une publication de Climate Change datant de décembre 2014 illustre les impacts attendus du changement climatique sur la production de café, Arabica (Coffea arabica) et Robusta (Coffea Canephora). La figure ci-dessous représente la localisation de la production de café, en bleu le Robusta, en orange l'Arabica ; les parties grisées correspondent aux grandes zones géographiques retenues par les auteurs dans l'étude.

Localisation de la production de café

cafe.jpg

Source : Climate Change

Recourant au machine learning ainsi qu’aux scénarios du GIEC, les chercheurs de l'International Center for Tropical Agriculture (CIAT) et de l'université Humboldt de Berlin ont identifié, à l'échelle mondiale, les zones géographiques susceptibles d'avoir un climat favorable à la production de café à l'horizon 2050. De leur travail ressort :

- une diminution des zones propices à cette culture, jusqu'à 50 % de celles actuellement connues, selon le scénario climatique retenu, et des impacts particulièrement marqués dans les régions de basses altitudes et latitudes ;

- une remise en cause de la position des gros producteurs que sont le Brésil et le Vietnam, touchés par cette réduction des superficies propices ; à l’inverse, un potentiel de production est identifié en Afrique de l'Est et en Asie, mais cependant partiellement en concurrence avec la forêt.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : Climate Change

 

16:07 Publié dans 3. Prévision, Climat | Lien permanent | Tags : café, changement climatique |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/10/2014

Projet ACQWA : eau, changement climatique et montagne

Alors que le projet ACQWA (Assessing Climate Impacts on the Quantity and quality of Water) a pris fin en 2013 (il avait débuté en 2008), le journal Environmental Science & Policy lui consacrera en novembre un numéro spécial. La montagne, ses ressources en eau et la vulnérabilité des territoires au changement climatique étaient au cœur du projet ACQWA. L'objectif était de quantifier, dans différents massifs montagneux (Suisse, Italie, Chili, Kirghizistan, Argentine), l'influence du changement climatique sur la quantité, la saisonnalité et la qualité de l'eau, dans un environnement où la glace et la neige sont des composantes majeures du cycle de cette ressource. De même, les impacts socio-économiques ont été abordés.

Environmental Science & Policy propose ainsi une diversité d'articles portant sur la gouvernance de la ressource en eau dans des contextes politiques différents, ainsi que sur la compétition entre usages tels les écosystèmes, l'agriculture ou encore l’hydroélectricité. Par exemple, l'article de Bozzola et Swanson explore, dans la région de la plaine du Pô, le rôle des acteurs publics et privés dans la gestion du stockage face à une disponibilité de l'eau de surface plus incertaine.

À noter également, sur le même thème, que les 4eÉtats généraux de l'eau en montagne se sont tenus les 8, 9 et 10 octobre.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : Environmental Science & Policy

11:07 Publié dans Climat, Enseignement et recherche, Environnement | Lien permanent | Tags : eau, montagne, changement climatique |  Imprimer | | | | |  Facebook

29/08/2014

Résilience : l'agriculture face au changement climatique

Cet été, l'OCDE a publié un rapport intitulé Climate change, water and agriculture, towards resilient systems. Ce rapport s'inscrit dans un contexte où le changement climatique aura des impacts multiples sur la ressource en eau (changement dans les régimes pluviométriques, qualité dégradée, événements extrêmes plus fréquents et plus intenses, etc.). Il fait ainsi le point sur les implications pour l'agriculture de telles modifications du cycle de l'eau, ainsi que sur la place des politiques publiques dans les mesures d'adaptation à l'échelle des exploitations.

Source : OCDE

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26/08/2014

Nouvelle quantification de l'impact du changement climatique en Europe

Une nouvelle étude du JRC estime, pour l'Union européenne, le coût des dommages du changement climatique à 190 milliards d'euros à la fin du siècle, sans mesures supplémentaires et suite à une augmentation de la température de plus de 3,5°C. Quant au secteur agricole, il subirait des pertes de l'ordre de 18 milliards d'euros. Ces résultats ont été obtenus par modélisation. Pour l'agriculture, la principale variable biophysique prise en compte pour l'évaluation économique est l'impact du changement climatique sur les rendements, et donc sur la productivité.

Dans le cas de la mise en œuvre de politiques d'atténuation limitant l'augmentation de la température à 2°C, l'impact total est évalué à 130 milliards d'euros, soit une réduction d'environ 30%. Cette étude d'impact a été réalisée via le projet PESETA II.

Source : Joint Research Center

09:02 Publié dans 3. Prévision, Climat, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : changement climatique, jrc |  Imprimer | | | | |  Facebook

23/05/2014

Les teneurs en nutriments des productions végétales pourraient être réduites sous l'effet du changement climatique

Une équipe internationale de chercheurs vient de montrer que le changement climatique, et plus particulièrement l'augmentation de la concentration atmosphérique en CO2, pourrait réduire la teneur en fer et en zinc de certaines cultures. Or, ces éléments minéraux sont très importants pour la nutrition humaine et on estime que deux milliards d'individus souffrent déjà de carences en fer et zinc. Les résultats de l'étude conduite par l'École de santé publique de Harvard et publiée dans la revue Nature indiquent donc que le changement climatique pourrait être une menace supplémentaire pour la nutrition humaine.

L'expérience a porté sur 41 cultivars, au Japon, en Australie et aux États-Unis. Grâce au dispositif FACE (free air carbon dioxide enrichment), les chercheurs ont testé l'effet d'une atmosphère enrichie en CO2 (entre 546 et 586 ppm) sur les teneurs en fer et en zinc des parties consommables des différentes plantes : blé et riz pour les céréales en C3, soja et pois pour les légumineuses en C3, et maïs et sorgho pour les céréales en C4.

Les résultats montrent une diminution significative des concentrations en fer, en zinc et en protéines pour les céréales en C3 (-5,1%, -9,1% et -6,3% respectivement par rapport à la concentration atmosphérique actuelle en CO2). Les réductions des teneurs en fer et en zinc étaient également significatives pour les légumineuses en C3. En revanche, les plantes en C4 semblent moins sensibles à une élévation de la concentration atmosphérique en CO2. Il est en outre apparu que la diminution des concentrations en fer et en zinc était très variable d'une variété de riz à l'autre.

Les auteurs de l'étude, qui estiment que deux à trois milliards de personnes reçoivent 70% de leurs apports en fer et en zinc via les céréales en C3, recommandent donc de sélectionner des variétés de riz moins sensibles à l'augmentation de la concentration atmosphérique en CO2, d'élaborer des céréales biofortifiées et de fournir des compléments nutritionnels aux populations les plus vulnérables.

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Source : Harvard School of Public Health

22/05/2014

Nouvelle évaluation nationale des impacts du changement climatique aux États-Unis

Le programme américain de recherche sur les changements globaux (US Global Change Research Program) vient de publier sa troisième évaluation nationale sur le climat. Elle est le fruit de quatre années de travail de plusieurs centaines de scientifiques et experts, ainsi que de la consultation de nombreux professionnels, associations et citoyens. Les résultats sont disponibles sous différents formats : rapport complet, fiches régionales, résumés thématiques, etc.

 USClimateChangeImpacts.JPG

Ce National Climate Assessment évalue les impacts actuels et futurs du changement climatique aux États-Unis, pour huit grandes régions et différents secteurs, dont ceux de l'agriculture, de la forêt, des changements d'usage des terres et des ressources en eau. Le rapport décrit également les réponses possibles à la fois pour s'adapter et lutter contre le changement climatique.

Il apparaît ainsi que la température moyenne des États-Unis s'est élevée de 1,3 à 1,9°F depuis 1895, et qu'elle pourrait encore s'accroître de 2 à 4°F dans les prochaines décennies. Concernant les précipitations, les résultats mettent en évidence une tendance à l'augmentation de leurs quantités annuelles, mais avec des événements pluvieux davantage concentrés dans le temps, en particulier dans le Nord-Est et le Midwest. L'agriculture ferait partie des secteurs les plus touchés par les changements climatiques, en particulier car on prévoit un net renforcement des tensions sur l'eau dans presque toutes les régions (Sud-Est, Sud-Ouest, Great Plains, Midwest etNord-Ouest) et le renforcement des risques d'événements extrêmes. Dans le Midwest, l'allongement des périodes de croissance des plantes serait favorable à l'amélioration des rendements, mais cet effet pourrait être contrebalancé par des risques accrus de vagues de chaleur, de sécheresses ou au contraire d'inondations. Un récent article publié dans la revue Science a d'ailleurs démontré que l'augmentation des rendements du maïs depuis les années 1990 s'était accompagnée d'une élévation de la sensibilité aux sécheresses, et ce en dépit des améliorations variétales et de l'effet fertilisant du CO2.

Les conclusions de cette évaluation nationale vont donc dans le même sens que celles du troisième rapport du GIEC (cf. veille CEP d'octobre 2013 et avril 2014 sur adaptation et atténuation). Les auteurs recommandent de développer plus largement et plus rapidement les actions de réduction des émissions et d'augmentation des puits de carbone, et les solutions d'adaptation permettant un accroissement de la résilience des systèmes, via des approches à la fois top down et bottom-up.

Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective

Source : US Global Change Research Program

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24/04/2014

Une méta-analyse des prédictions des effets du changement climatique sur les rendements du blé dans le monde

Les futurs rendements du blé seront sensibles aux évolutions de la température, des précipitations et de la concentration atmosphérique en CO2, mais la variabilité des résultats des simulations ne permet pas aujourd'hui de prédire avec certitude si la combinaison de ces évolutions climatiques sera positive ou négative pour ces rendements. Deux chercheurs de l'Inra ont récemment publié une méta-analyse des modifications simulées des futurs rendements en blé, de façon à identifier des combinaisons de température, précipitations et concentration atmosphérique en CO2 conduisant à une augmentation ou diminution des rendements du blé.

L'analyse statistique porte sur les résultats de 90 articles scientifiques publiés à travers le monde et explorant une diversité de scénarios climatiques. Les résultats sont exprimés en termes de variation relative du rendement moyen entre les conditions climatiques du passé récent et des conditions climatiques futures. Il en ressort que les variations de rendements en blé vont de -100% à +155%, avec une très forte variabilité, en particulier dans les régions du monde où le nombre de données est très important (Australie, États-Unis, Royaume-Uni par exemple). Des baisses de rendements ont été constatées dans plus de 50% des cas lorsque la température moyenne augmente de plus de 2,3°C, lorsque les précipitations sont réduites et lorsque la concentration atmosphérique en CO2 est inférieure à 395 ppm. Une réduction des précipitations de plus de 50% est associée à des baisses de rendements dans plus de 90% des cas.

Les scientifiques ont par ailleurs analysé les effets combinés d'évolutions climatiques pour 28 articles dont les données étaient suffisantes pour un traitement conjoint des trois variables climatiques. Parmi ces 28 articles, certaines régions du monde telles que l'Australie étaient sur-représentées, tandis que la Russie était sous-représentée. Cette partie de l'étude montre que l'effet négatif d'une élévation de la température est réduit lorsque les précipitations et la concentration atmosphérique en CO2 augmentent. À l'inverse, une diminution des précipitations de l'ordre de 40% cause des pertes de rendements quel que soit le niveau de concentration atmosphérique en CO2 et même si l'élévation de température est inférieure à 2°C. Ceci souligne l'importance du facteur disponibilité en eau pour les futurs rendements en blé.

La variabilité des résultats de cette méta-analyse demeure néanmoins importante. Les auteurs estiment que cette variabilité est en partie due à la gamme des scénarios climatiques testés, à la variété des sites étudiés à travers le monde (avec des types de sol différents) et vraisemblablement aux différences de pratiques culturales associées (fertilisation). Cette méta-analyse pourrait donc être complétée au fur et à mesure que de nouvelles données de simulation sont disponibles, et que d'autres paramètres seront pris en compte, notamment l'impact des bio-agresseurs, des températures extrêmes, et du changement de la répartition annuelle des précipitations sur les rendements en blé.


Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective


Source : Field crops research

23/04/2014

GIEC – Publication du volet « adaptation » du cinquième rapport

Après un premier volet relatif aux connaissances scientifiques publié en septembre 2014, le groupe de travail II a rendu publique sa contribution au cinquième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Il porte sur les risques liés au changement climatique, en particulier les événements extrêmes, et les mesures d'adaptation ; sont aussi explorées les questions de vulnérabilité, ou encore de résilience.

Dans ce rapport, le chapitre 7 est dédié à la sécurité alimentaire et aux systèmes de production. Les auteurs discutent des effets du changement climatique sur les cultures et leur rendement ; les conditions d'accès, d'utilisation et les prix de ces ressources sont aussi abordés.

À propos des rendements, un grand nombre d'études montrent un impact du changement climatique négatif – les travaux actuels ne permettant pas de trancher sur des effets positifs dans les régions de haute latitude. Ces effets semblent plus prononcés pour le blé et le maïs que pour le riz et le soja. La figure ci-dessous présente les estimations des impacts observés du changement climatique entre 1960 et 2013.

giec,changement climatique

Le rapport souligne aussi que de nombreuses études, depuis le dernier rapport du GIEC (AR4), permettent de confirmer notamment :

  • les effets stimulants du dioxyde de carbone sur les cultures, mais aussi sur le développement des plantes envahissantes ;

  • les impacts négatifs d'une concentration élevée d'ozone dans la troposphère sur les rendements.

Mais une difficulté persiste concernant l'étude des interactions entre ces nombreux paramètres (dioxyde de carbone, ozone, température moyenne, etc.) Quant aux effets sur la propagation des maladies (répartition géographique, intensité), ils restent incertains.

Les projections montrent un impact sur les rendements débutant dès 2030, que les mesures d'adaptation soient en place ou non ; l'impact est plus marqué en 2050. Les risques sur la sécurité alimentaire sont substantiels dans les scénarios avec une forte augmentation de température (3-4°C localement ou plus).

Au sujet des impacts sur les prix à l'horizon 2050, les écarts sont très importants selon les études. Les modélisations tenant seulement compte des variations de températures et de précipitations montrent une augmentation des prix mondiaux de l'ordre de 3 à 84%. Alors que les travaux qui incluent le changement de concentration en dioxyde de carbone (mais pas celle de l'ozone ou le rôle des maladies et nuisibles) projettent un impact entre -30 et +45%.

La différence de rendement induite par la mise en place de mesures d'adaptation est de l'ordre de 15 à 18% du rendement actuel. Mais cette approche en moyenne cache de fortes disparités selon la culture considérée, la région, le niveau du réchauffement climatique ou encore le type de mesures mises en œuvre. La préférence semble plutôt être donnée au développement d'un bouquet de stratégies pour un même système de productions afin de limiter les impacts négatifs du changement climatique. Les auteurs soulignent aussi le manque de connaissances sur les innovations et leurs potentiels d'adaptation en termes de transformation, d'emballage, de transport, de stockage et d'échanges commerciaux.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : IPCC

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GIEC – Publication du volet « atténuation » du cinquième rapport

Le groupe de travail III a rendu public le volet « atténuation du changement climatique » du cinquième rapport du GIEC (AR5), en avril 2014. Cette partie du rapport est dédiée aux mesures de lutte contre le changement climatique, définies comme les interventions humaines visant à réduire les émissions de GES et accroître les puits de carbone. Pour les grands secteurs de l'économie (énergie, transport, bâtiment, industrie, agriculture, forêt, etc.), le volet 3 du rapport analyse les politiques d'atténuation aux niveaux global, national et infra-national, et évalue les problèmes financiers et les investissements nécessaires. Les auteurs ont ainsi analysé 900 scénarios d'atténuation du changement climatique, avec diverses implications technologiques, économiques et institutionnelles, correspondant à des concentrations de 430 à 720 ppm CO2eq à l'horizon 2100. Par rapport au quatrième rapport (AR4), les scientifiques ont en plus tenté de prendre en compte les événements climatiques extrêmes, qui ont une faible probabilité d'occurrence mais potentiellement d'importantes conséquences.

Un des 16 chapitres s'intéresse spécifiquement aux secteurs agricole et forestier et aux changements d'usage des terres (agriculture, forestry and other land use, AFOLU), comprenant les feux de forêt, les feux de tourbière et la décomposition de la tourbe. Le secteur AFOLU a contribué à hauteur de 24% aux émissions totales de GES d'origine anthropique, soit environ 10 à 12 GtCO2eq par an, principalement dues à la déforestation, aux fermentations entériques et à la gestion des fertilisants (minéraux ou organiques). Depuis 2000, il est le seul secteur à avoir vu ses émissions de GES baisser. Les projections pour ce secteur montrent que les émissions de CO2 devraient diminuer au cours du XXIe siècle, mais que les émissions des autres GES (CH4 et N2O) devraient quant à elles s'accroître. Les options les plus efficaces, en termes de coût-efficacité, pour réduire les émissions du secteur forestier sont le reboisement, une gestion sylvicole adaptée et la lutte contre la déforestation. Pour le secteur agricole, les options mises en avant sont une gestion adaptée des surfaces cultivées, les prairies et la préservation de la matière organique des sols. Les changements de comportements alimentaires et la lutte contre le gaspillage comptent également parmi les options potentiellement intéressantes. Quant aux bioénergies, elles représentent des possibilités non négligeables, à condition de veiller à la durabilité des pratiques et à leur efficience énergétique. Pour accroître l'efficacité de ces mesures, les auteurs soulignent qu'il sera nécessaire de développer des politiques qui incitent conjointement à l'atténuation et à l'adaptation des secteurs agricole et forestier au changement climatique.

En conclusion, ce troisième volet du rapport du GIEC insiste sur la nécessité d'accentuer les efforts en matière d'atténuation. En effet, malgré un accroissement des politiques nationales et régionales de lutte contre le changement climatique, les émissions de GES ont continué à augmenter, et même de façon plus rapide sur la dernière décennie. Pour atteindre des niveaux d'émissions compatibles avec une élévation de la température globale limitée à 2°C, les auteurs signalent la nécessité de se fixer des objectifs ambitieux, de mettre en place des actions le plus rapidement possible et de revoir significativement les investissements liés aux secteurs énergétiques : moins d'investissements pour les énergies fossiles, davantage pour les énergies « bas carbone » (énergies renouvelables, nucléaire). Les auteurs estiment que retarder ces efforts à l'horizon 2030 pourrait compromettre la possibilité de limiter l'élévation de la température globale à 2°C. Ils soulignent enfin le besoin de coopération internationale et d'une meilleure intégration entre les politiques menées aux niveaux mondial, national et régional.


Noémie Schaller, Centre d'études et de prospective


Source : IPCC

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16/04/2014

Les olives sous l'influence du changement climatique

Une équipe issue d'un partenariat de laboratoires italien et états-unien s'est intéressée à l'effet du changement climatique sur une culture connue pour sa résistance à la sécheresse et son importance socio-économique pour le bassin méditerranéen, l'olive. Publiée dans le Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), les chercheurs ont regardé, à l'aide de la modélisation, l'évolution des rendements et de la présence d'un ravageur, la mouche à olive, à l'horizon 2040 (augmentation de la température de 1,8°C). Sous ce climat futur, les rendements augmentent de 4,1% et les profits de 9,6% pour l'ensemble du bassin méditerranéen. Mais de fortes disparités sont aussi constatées. En Afrique du Nord, le profit supplémentaire est estimé à plus de 41%, alors qu'au Moyen-Orient, les pertes moyennes sont de 7,2%.

Cependant, l'étude souligne que les exploitations les plus petites et marginalisées seront négativement touchées, et susceptibles de cesser leur activité. L'abandon de ces productions ne permettrait alors plus d'assurer le maintien de la biodiversité, la protection des sols et la lutte contre les incendies. Quant au ravageur, sa présence devrait décroître de 8% dans l'ensemble du bassin avec quelques disparités géographiques, en particulier une augmentation de 5,9% en France et en Italie.

Source : PNAS

14:18 Publié dans Climat, Filières agricoles | Lien permanent | Tags : olives, changement climatique |  Imprimer | | | | |  Facebook